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Archiloque est le plus ancien des grands poétes lyriques européens. Doublement. Il a créé les formes variées d’une poésie destinée au chant. Sa poésie exprime des émotions, elle est personnelle. Sa poésie est aussi satirique. Mais sa satire n’est pas seulement personnelle, telle qu’elle l’exprime vers son ancienne amoureuse Néoboulé, qui l’a délaissé. Ce qu’il raille c’est aussi cette vie « idéale » de son époque avec ses valeurs convenues et ce qu’il nie c’est la gloire, première valeur du monde homérique.
Contrairement à Homère, Archiloque ne se réfère pas à un passé légendaire. Il ne valorise pas l’héroïsme, il ne parle pas non plus des Dieux. Sa poésie refuse les mythes. Sa poésie est individualiste, elle exprime l’aspiration à la liberté et assume la jouissance que l’on peut prétendre tirer de la vie. Ce sont les seules émotions de l’individu qui produisent sa poésie. Parmi ses émotions, les plus fortes sont la haine et l’amour. Et de ce dernier il parle directement, sans comparaison, contrairement à Homère. « Avec ses cheveux noyés de parfum et son sein, elle aurait éveillé le désir d’un vieillard ». Jamais auparavant, le désir amoureux n’avait encore été exprimé hardi de toute idéalisation littéraire, de toute justification sentimentale.
Archiloque naît à Paros aux temps anciens où cette île était un bloc de marbre, richesse cachée sous une mince couche de terre. Cette richesse n’était pas utilisée. Cela est venu plus tard au V ème siècle, alors que Archiloque y a vécu au VII ème avant notre ère. Le père de Archiloque – Télésiclès – était un chef, mais sa mère une esclave. Il était le fils bâtard de son père. Archiloque ne renie pas son sang servile. Il n’a pas honte d’être par sa mère un fils du peuple. Le fait est très important et met en évidence la surprenante liberté d’esprit du poète.
Par son père et son grand père il était relié à l’île de Thassos, qu’il entreprit, dans une seconde partie plus riche de sa vie, de conquérir.
À son époque Paros était une terre de misère qui connut des conflits sociaux. Le climat social et la stérilité de la terre invite de bonne heure les Pariens à l’émigration. Ce que Archiloque finit par faire en partant pour Thassos. « Laisse la Paros, ses tristes figues et cette vie qu’il y faut tirer des flots ». Il s’y est beaucoup investi en défendant des nouvelles valeurs humaines, émancipatrices s’opposant au monde féodal de son époque.
Archiloque est célébré aujourd’hui à Paros et par ses citoyens. Son nom a été donné à l’association culturelle la plus importante de l’île. Nikos Sarris, un des plus célèbres intellectuels de l’île, a mis en musique des poèmes d’Archiloque. Sa musique a été publiée en album et produite par la suite lors de différents évènements culturels
Plusieurs livres ont été écrits à ce sujet, dont celui de Christos Yorgoussis, professeur, poète, militant associatif connu de l’île. Ce livre a été publié par la municipalité du temps du maire Yannis Ragoussis et distribué aux écoliers en 2005.
Pour conclure, donnons la parole au nobéliste Odysseas Elytis : A une époque où les fondements religieux de la société sont encore stricts, où le discours épique a le monopole de l’expression, où l’élément héroïque est la valeur permanente et acceptée, un Archiloque et une Sapho à Lesbos reversent tout, portent les sentiments et les rêves au premier plan, osent parler de leur vie individuelle, exprimer leur chagrin, chanter, danser. Les premiers dans la mer Égée et les premiers dans le monde connu ».
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