Le texte ci-après, nous l’avons reçu suite à la publication et la diffusion des deux textes des Amis de Paros et Antiparos (voir ICI et ICI). Nous avons demandé à notre adhèrent, compte tenu de la longueur de son texte d’en réaliser un résumé afin de le diffuser pour nourrir le débat public, compte tenu de ses qualités. Nous pensons que ce débat public est nécessaire pour éclairer la société de Paros et Antiparos sur les enjeux en cours. Il est aussi nécessaire pour éclairer la prise de décision.
Voici ci-après le résumé, suivi du texte initial in extenso.
Nous sommes nombreux, résidents de Paros et d’Antiparos à nous inquiéter du projet d’extension de l’aéroport de PAROS, qui vient d’être annoncé en catimini et dont les travaux pourraient démarrer dès juin prochain.
Il nous semble que cette décision est entachée d’un manque de transparence.
Aussi serait-il légitime que les résidents de PAROS, grecs et non grecs, puissent avoir accès à l’étude d’impact et de faisabilité actualisée, préalable à un projet d’une telle envergure ?
Nous craignons, en effet, que ce projet méconnaisse les innombrables nuisances qui vont en découler, notamment les nuisances sonores ou nuisances sur l’environnement ainsi que les tensions extrêmes sur les services publics, déjà à la limite de la saturation durant l’été, tout en s’avérant rapidement coûteux pour la communauté.
Ce projet d’extension à « vocation internationale » apparait désormais d’autant plus anachronique qu’il s’inscrit dans un contexte post COVID qui a radicalement modifié les perspectives du secteur du tourisme et du transport aérien, alors même que l’offre de capacités aéroportuaires internationales, à proximité de PAROS, se sont considérablement accrues avec la livraison des travaux d’extension aéroportuaires début 2021 tant à MYKONOS qu’à SANTORINI.
Or, dans le même temps, les compagnies aériennes, très affaiblies, ne vont relancer leur trafic que de manière mesurée et suffisamment rentable.
Dès lors, il est à craindre que pour « exister », l’aéroport de PAROS opte pour des pratiques de dumping tarifaire afin de détourner à son profit du trafic de compagnies « low cost » ou charters, ce qui attirera un tourisme de masse, à faible pouvoir d’achat, mais à impact défavorable pour les habitants.
Or, il nous semble que PAROS devrait continuer à cultiver un positionnement touristique haut de gamme, qui privilégie la qualité au dépend de la quantité, de manière compatible avec le respect de l’environnement et en cohérence avec un véritable projet de développement durable pour l’île.
A cet égard il s’agirait, d’abord et avant tout, d’améliorer sensiblement la qualité des services publics comme des infrastructures routières ou portuaires, quitte à améliorer certaines infrastructures de l’aéroport dans sa configuration actuelle, desservie à partir d’ATHENES ou THESSALONIQUE ou autres îles.
Lancer une extension d’aéroport « international », financée sur fonds européens, sans clarifier le projet de développement durable auquel elle participe et sans concertation avec les résidents, ne saurait emporter notre approbation sans conditions préalables.
REFLEXIONS autour de l’extension de l’aéroport de PAROS
Nous remercions l’association de PAROS de ses efforts de porter à la connaissance du plus grand nombre des informations et des points de vue exprimés par ses membres quant à ce projet d’extension de l’aéroport de PAROS.
Nous nous permettons d’exprimer notre point de vue personnel, en tant que résidents réguliers depuis une dizaine d’années et propriétaires depuis plus de cinq ans sur cette île pleine de charmes et où nous comptons séjourner plusieurs mois par an, tout en y attirant parents et amis.
Plusieurs remarques :
1- Nous sommes de nationalité française comme de très nombreux résidents de l’île ou visiteurs réguliers.
A ce titre, nous avons la faiblesse de penser que nous exprimons un point de vue qui est largement partagé par cette communauté francophone des amis de PAROS.
Pour aller droit au but : nous sommes opposés à ce projet.
2- Depuis près de dix ans que nous séjournons à PAROS, le projet du nouvel aéroport puis de son extension au rang d’aéroport « international « nous est apparu entaché d’une extrême opacité, à entendre les observations des habitants de souche de l’île eux -mêmes.
La communication très récente du déblocage d’une subvention européenne pour le projet en apporte une nouvelle démonstration.
Qui décide quoi, sur quels fondements ?
Quelles sont les hypothèses et les objectifs ?
Quid de l’analyse de faisabilité et de l’étude d’impact de ce projet ?
Quid d’une réactualisation post COVID ?
De telles décisions ont-elles fait l’objet d’un vote ?
Avec l’assentiment de quels électeurs ?
S’il s’agit de doter le « nouvel aéroport « d’installations plus confortables que ce qui prévaut actuellement : salles d’attente plus confortable et adaptée au trafic actuel, salle de livraison des bagages plus spacieuse, tour de contrôle plus imposante, etc. …
Bien évidemment que nous sommes favorables à un tel « upgrade ».
Mais s’il s’agit de proposer un troisième aéroport à « dimension chartérisable » dans les Cyclades, à l’instar de ceux de SANTORIN ou MYKONOS, alors nous nous interrogeons sur la dimension économique d’un tel projet qui vient en concurrence frontale avec ces deux plateformes aéroportuaires très proches et qui ne peut se justifier que par une volonté de développer un tourisme de masse, à l’instar de ce qui s’est opéré à TENERIFE, en Crète, en TURQUIE, TUNISIE, etc.
Nous y sommes donc opposés.
3- Inconvénients directs qui vont en découler
Toute hausse du trafic aérien à destination de PAROS est susceptible d’accroitre de manière marquée les inconvénients liés à un accroissement de la fréquentation.
Nuisances sonores d’abord à l’égard des habitants d’une large partie de l’île, de la partie sud-ouest de PAROS, entre PARIKIA SUD/AGHIA IRINI et ALIKI ainsi que toute la côte sud-est d’ANTIPAROS.
Nuisances écologiques car les avions avec réacteurs sont plus polluants que ceux à hélice
Quelles sont les mesures envisagées pour y remédier, voire pour indemniser les riverains ?
Il faut souligner que les nuisances les plus dolosives se constatent lors de la phase d’atterrissage des appareils par vent sud, lesquels rasent alors de très près les habitations sur leur trajet.
Aggravation de la saturation des infrastructures de services publics qui sont déjà peu efficientes en temps normal et en tension maximale lors du pic de fréquentation en juillet/aout : électricité, eau, traitement des déchets et eaux usées, ramassage des ordures, internet à débit rapide, capacités médicales, infrastructures routières avec tout particulièrement l’accès à PARIKIA (cauchemardesque en août).
Le réalisme milite pour traiter au préalable de tels goulots d’étranglement (carrefour Parikia /Naoussa /le port, au niveau de la pharmacie) dans le respect des normes de développement durables, désormais incontournables, avant même d’envisager toute velléité d’accroître la fréquentation de l’île.
Ainsi donc, l’Association des Amis de PAROS devrait affirmer haut et fort de tels préalables et exigences d’une démarche de développement durable.
4- L’examen critique d’un schéma d’extension envisagé bien avant la crise COVID
C’est bien là l’aspect le plus anachronique de cette annonce hâtive de procéder à l’extension de l’aéroport de PAROS.
Alors que les médias se font l’écho à l’envi de la situation totalement sinistrée de l’ensemble du secteur aérien, PAROS n’aurait qu’une seule hâte que d’accroitre son offre aéroportuaire et de participer ainsi à une densification massive du trafic aérien vers les Cyclades ?
Cet objectif apparaît totalement irréaliste au plan économique.
Le pertes 2020 chez ADP comme chez FRAPORT dépassent désormais le milliard d’euros.
Le trafic aérien sur les aéroports européens affiche en moyenne un recul de 80% et l’on y envisage des licenciements massifs ainsi que des annulations de projets d’extension.
LUFTHANSA perd 1 million d’euros toutes les 2 heures et l’on parle de 9 milliards d’injection de capitaux nouveaux dont 6 milliards de recapitalisation.
AIR France affiche des fonds propres négatifs de 7 milliards pour près de 16 milliards de dettes à long terme et doit être renfloué tant par l’Etat Français que néerlandais.
De nombreuses compagnies « low cost » sont en dépôts de bilan ; et si RYANAIR semble l’un des rares « low cost » capables de survivre, cette compagnie est réputée pour rechigner à payer les taxes aéroportuaires !……L’aéroport de PAROS aurait-il alors vocation à pratiquer les plus « low cost » pour attirer du trafic au détriment de ses voisins immédiats ?
Les experts du secteur aérien ne prévoient pas un retour à la situation pré COVID avant 2024 au mieux …. mais ces hypothèses risquent d’être retardées en raison des plus récents confinements de fin 2020/premier trimestre 2021 en Europe.
Dès lors, l’aéroport de Paros chercherait-il à attirer des longs courriers en provenance de CHINE caractérisés par des séjours courts, souvent à la journée, sans avantage économique évident pour l’ensemble de l’économie locale.
Dans un tel contexte, il apparait parfaitement hasardeux de parier sur l’attrait économique d’une nouvelle offre d’accueil aéroportuaire international dans les Cyclades.
Dans un tel contexte d’excès de capacités et d’insuffisance de la demande touristique est-il dès lors de raisonnable/réaliste d’agir comme si rien ne s’était passé depuis douze mois … ?
L’argument d’une demande locale pour des liaisons internationales ne résiste pas à une analyse sérieuse des motivations de dessertes par des compagnies aériennes : la demande locale de PAROS est parfaitement insuffisante pour justifier que des compagnies sérieuses assurent des dessertes régulières directes de PAROS vers des grandes villes européennes.
Si certains vols moyen-courrier vers des capitales européennes étaient envisageables, cela ne s’opérerait qu’en cours de période estivale, donc à un moment où les « parians » eux-mêmes restent sur place, dans l’île, afin de récolter la « manne touristique ».
Hors saison, aucun vol régulier n’assurerait la moindre liaison directe vers des capitales européennes. Ainsi, EASY JET ne dessert MYKONOS à partir de PARIS que de fin Juin à tout début septembre, et encore pas tous les jours de la semaine, avec une réputation bien établie de collectionner les retards, voire les annulations. En outre, cette compagnie est un mauvais payeur notoire de redevances aéroportuaires, ceci expliquant cela !
Quant à RYANAIR, il convient de rappeler que cette compagnie atterrit à BEAUVAIS et non pas à PARIS ORLY ou CDG, ce qui nécessite une heure de trajet routier supplémentaire ; dès lors, il est bien plus rapide de passer par ATHENES pour rejoindre PARIS , via AEGEAN en tout ou partie du trajet.
Pour qu’un aéroport soit viable économiquement, il faut qu’il tourne avec un trafic suffisant.
Les aéroports de MYKONOS et SANTORIN, voire d’ATHENES, pâtissent de la situation
COVID ; ils vont mettre plusieurs années avant de retrouver leur situation de 2018/2019.
L’arrivée d’une nouvelle offre aéroportuaire à PAROS s’inscrira en concurrence frontale avec l’offre de plateformes préexistantes, voire de nouvelles plateformes aux alentours qui pourraient faire également l’objet d’extension significative (NAXOS ? MILOS ? SYROS ?).
Pour prospérer, l’aéroport de PAROS surdimensionné devra lors mener des pratiques de dumping visant à détourner du trafic à son avantage… sans garantie de parvenir à atteindre le seuil de rentabilité, ni garantie d’offrir un bilan avantages/inconvénients favorable pour les résidents.
Ainsi donc, les fondamentaux économiques d’une extension de l’aéroport de PAROS reposent sur des hypothèses économiques devenues plus que jamais très incertaines mais qui passent nécessairement par une stratégie d’attraction touristique de masse donc « low cost ».
A-t-on bien mesuré l’ensemble des conséquences d’une telle fuite en avant…financée sur dettes ? N’y aurait-il pas d’autres priorités plus évidentes ?
Les habitants de PAROS sont-ils prêts à assumer à terme un alourdissement de leurs impôts pour combler les pertes d’exploitation de leur aéroport et rembourser la dette ainsi contractée ?
5- Quel projet de développement durable pour PAROS ?
En réalité, il s’agit bien là du cœur du sujet.
Ceux qui connaissent et aiment PAROS sont unanimes pour vouloir en préserver ce qui en fait encore son authenticité et une certaine sérénité qui attire un tourisme plutôt haut de gamme et respectueux de l’environnement.
Dès lors, Il apparaitrait vraiment incongru de rêver à des développements touristiques consistant à implanter des hôtels en front de mer pratiquant des formules « all included ». C’est bon pour SAINT DOMINGUE ou TENERIFFE, certainement pas pour PAROS, et surtout, plus du tout à l’heure de la COP 21 et des engagements pris par toutes les grandes démocraties occidentales, GRECE y compris, de lutter contre le réchauffement climatique et tous ses avatars.
Ce n’est pas méconnaitre les préoccupations économiques légitimes des habitants et résidents de l’île que de préconiser l’objectif d’attirer un tourisme de qualité plutôt que de quantité.
Comme cela a été très bien exprimé par d’autres membres de l’association : les amoureux de PAROS ne se soucient pas de « perdre » quelques heures de transport pour retrouver cette ile encore pleine de charmes.
Autrement dit, séjourner à PAROS se mérite et la qualité de vie pourrait y être encore substantiellement améliorée sans se lancer dans des projets pharaoniques sur des modèles de développement désormais obsolètes.
L’exigence de qualité et de durabilité des populations ne saurait être ignorée ni même reléguée au second plan.
Dès lors, il nous semble que notre association devrait se départir d’un positionnement par trop ambigu.
Si les projets d’implantation d’éoliennes dans l’île ont, semble-t-il, pu être ajournés grâce notamment à son lobbying efficace alors, et pour des raisons analogues, il conviendrait que notre association agisse contre une extension de cet aéroport mais en faveur du lancement d’un schéma d’aménagement durable des infrastructures actuelles sur les îles de PAROS et ANTIPAROS.
Il conviendrait peut-être d’exiger l’organisation d’une consultation de l’ensemble des résidents de l’ile, grecs et non grecs qui y acquittent des taxes.
Il conviendrait aussi d’alerter les autorités européennes sur l’incongruité d’un tel projet financé sur subventions communautaires.
Il conviendrait de lancer des recours juridiques tous azimuts pour essayer de bloquer un tel projet ; il est certainement encore temps !?
Black Régine says
Que faut- l faire pour arrêter ce prijet et contribuer à l’amélioration de l”existant?
Stellvagen Jean says
Bonjour.
La relative quiétude de l’île est mise en danger par ce projet.
Paros ne peut pas devenir Palma,Malia en Crète,ou même Myconos.
Il paraît qu’il y a déjà sur les plages des transats à 40€.
Amitiés
Fionnuala Brennan says
We have been living on Paros for part of every year for 43 years. Our daughter went to school here. The proposed expansion of the airport and other hotel etc developments ,while seemingly financially attractive would be detrimental for the islanders. What is needed is proven research findings of the effects of mass tourism in other Mediterranean countries as well as Greece to demonstrate how much of the revenue goes to outside companies and how negatively affected is the life of most of the residents.. People need full information before such development projects are considered.
Stelios Christopoulos says
Je suis d’accord avec ce texte. Le seul point où j’ai quelques doutes est la pertinence d’organiser une consultation publique. l’écrasante majorité des résidents non grecs sont respectueux de la physionomie de l’ile et ont une opinion négative sur ce projet qui est clairement disproportionné par rapport à la capacité très limitée des infrastructures de l’ile.
Le caractère de qualité de PAROS est la branche de l’arbre sur la quelle nous sommes tous assis. Cela devrait être une évidence pour tous les résidents de l’île. Grecs comme non-Grecs.
Il parait, néanmoins, que la grande majorité des résidents permanents des PAROS seraient favorables à ce projet. Ils semble qu’il seraient plus attirés par le gain facile et éphémère et pas assez sensibles aux risques de la perte de la physionomie de l’ile et du tourisme de masse qui en découlerait.
Nicolas Stephanou says
C’est notre maire qui le dit, mais ça ne veut pas dire que c’est vrai, et dans qu’elles proportions (les Pariens sont favorables).
Mais une consultation doit être précédée d’une campagne d’information. Il est peut-être vrai que beaucoup de Pariens sont encore dans le narratif du développement perpétuel qui ne peut qu’améliorer la qualité de la vie. Et réaliser qu’un aéroport international peut devenir une très mauvaise affaire pour la majorité n’est pas une chose évidente. Une consultation pourrait secouer les idées reçues.
Carlo says
Oui. Il faut agir immédiatement, même si les jeux sont déjà fais.
Aussi un enfant pourrait comprende les différences entre un efficace airport locale, avec le doubles des vols par Atène et un airport international avec compagnies low cost.
Turisme de quantité ou qualité.
Mykonos nous apprend. Déjà dans les passés saisons , beaucoup des propriétaires de maisons quittaient l’ile au moi d’oût pour le trop de monde et ses conséquences, car l’ile n’a pas d’infrastructures.
Donc il faut agir car le futur est ce que tout le monde imagine.
La seule route est des convaincre des ´pouvoirs’ que la deuxième choix soit plus profitable , pour eux et les Pariens. N’est pas facile, car il faudra arreter et après changer des proces decisionels et burocratiques très lourdes.
Imaginez seulement changer les investissements du nuveau airport en un airport plus petit et nouvelles routes… impossible, la seule sûreté serait de perdre l’argent et de ne rien faire.
Quel maire risquerait ça…?
Mais est correcte essayer. Si je pourrais donner de l’aide, bien volontiers.
Merci pour vôtre travail.
Joelle Muller Godeau says
Propriétaires à PAROS depuis 2005 ou ns séjournons 5 mois par an, nous sommes depuis le début contre le projet d un aéroport international. Nous sommes d accord avec tous les arguments que vous avancez
Nous devons aider nos amis grecs à conserver l authenticité de Paros et sa quiétude.
Loisnard says
Entièrement d’accord avec ce texte !!!
C’est la 25eme année que je viens à Paros cette année et je ne souhaite pas que cette sublime île soit dégradée par les compagnies low cost
Maura et Alberto Varano says
On est tout à fait d’accord.
Nous devrions agir avant qu’il ne soit trop tard!
MICHEL LENGLET says
Je partage totalement cette opinion