Alors qu’un retour « à la normale » se profile, à nouveau, à l’approche de la période estivale, riche en événements et en activités, il nous parait utile de revenir sur les deux dernières années pour rappeler le contenu et le sens de notre activité en tant qu’association citoyenne.
Au-delà de la poursuite de l’aide à la rénovation du site du temple d’Apollon à Despotiko, notre association et ses membres sont arrivés grâce à leur ténacité et opiniâtreté à formaliser, en pleine concertation avec les autorités locales et d’autres acteurs associatifs, une structure permettant de lancer le parc archéologique des anciennes carrières antiques de Marathi.
Si ce projet aboutit, comme nous le souhaitons toutes et tous, il constituera une réalisation de toute première importance. Ainsi, à un avenir proche, existeront deux parcs archéologiques (Despotiko et Marathi) qui augmenteront l’attractivité archéologique et culturelle de nos îles.
Mentionnons également la prochaine parution, après Pâques, du premier ouvrage en trois langues de la collection « Amis de Paros et d’Antiparos » qui concerne La culture cycladique et la gastronomie. Si ce premier ouvrage rencontre le succès qu’il mérite l’aventure sera poursuivie avec d’autres titres relatifs à la culture et aux activités des habitants de Paros et Antiparos. Cet effort éditorial reprendra le flambeau de la revue de notre ami Nikos Aliprantis, qui avait ouvert la voie à l’écriture d’une ou des histoires de nos îles.
Par ailleurs, la fréquentation croissante de nos deux îles questionne sur le sens et la dimension de son développement. Nous sommes à la croisée des chemins : l’essor très rapide des activités touristiques observé ces années impose la formalisation des choix et plans stratégiques. On ne saurait continuer à toujours plus développer, comme jusqu’à présent, en favorisant tous types d’activités, en même temps, et de façon irréfléchie voire incohérente.
Il faudra désormais opérer des choix qui concernent principalement l’avenir de la communauté locale, mais aussi celui de tous les habitants de nos îles, permanents ou saisonniers. À cet égard, il est utile de rappeler le poids croissant des habitants non permanents tant du point de vue économique, culturel et social, que de reconnaître leur rôle citoyen. Un grand nombre d’entre eux exercent d’ailleurs leur droit de voter. D’où l’importance de débats publics ouverts à tous, sur tous sujets sociétaux notamment en termes de développement durable.
Des procédures consultatives sont prévues par la loi, ici comme ailleurs dans tous les pays évolués, utilisons-les, autant que nécessaire, sur nos îles. N’en faisons pas l’économie.
Le débat public est loin d’être épuisé. Admettons qu’il est légitime de débattre des affaires qui nous concernent tous sur nos îles, sans animosité, sans agressivité et de manière respectueuse des différentes options. Il s’agit d’un pas en avant que l’on doit favoriser et amplifier, car la discussion est nécessaire pour prendre des décisions à bon escient.
C’est l’enseignement que l’on doit du récent arrêt du Conseil d’État , prononcé début avril 2022 , qui annule le plan d’ urbanisme de Paros de 2012, pour autant qu’ il prévoyait l’ extension de Parikia, Naoussa, Lefkes et d’ autres agglomérations, au motif que la « capacité porteuse » de l’ ile se trouvait alors déjà épuisée par le nombre croissant des constructions et par la forte augmentation du tourisme ; le Conseil d’État souligne que le seul intérêt entrepreneurial de certains propriétaires ne pouvait pas primer sur l’ intérêt général de la protection des îles et de leur environnement.
Dix ans plus tard, force est de constater que la poursuite d’un développement économique débridé a aggravé la saturation des capacités réelles d’accueil de nos îles. Plus que jamais, aujourd’hui, la discussion est indispensable pour aller de l’avant dans la concertation des parties prenantes au futur de nos îles. L’absence de vision stratégique censurée par le Conseil d’État se combine avec des démarches hâtives insuffisamment préparées et mises en œuvre.
S’agissant, par exemple, du projet du nouvel aéroport, ce n’est pas l’utile débat citoyen à propos de sa nécessité qui l’a mis en danger, mais plutôt, semble-t-il, le manque de sérieux dans la préparation de l’appel d’offre, l’indigence de son étude environnementale établie sans concertation avec les parties prenantes concernées, et surtout les recours initiés par les concurrentes contre l’entreprise moins-disante dont l’ offre particulièrement basse n’ pas fait l’ objet de la nécessaire vérification.
Notre association va aussi entreprendre des actions favorisant le recueil defonds pour soutenir nos projets ; nous y reviendrons prochainement.
Enfin, au terme de 20 ans d’existence, il apparait nécessaire de toiletter nos statuts ; nous y reviendrons aussi.
Yorgos Vlandas Tassos Zacharas
Post Scriptum : Les Amis de Paros et Antiparos n’ont pas introduit un recours en justice contre le projet d’extension de l’aéroport de Paros, comme il est parfois affirmé dans la presse locale.
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