Calderon de la Barca nous apprend dans ses pièces que la vie est un rêve. Rabelais dans Gargantua, qu’elle est un rire, car il est le propre de l’homme. Et Jean Sébastien Bach que la transcendance c’est bien, mais qu’un pot de café est aussi nécessaire pour servir et louer le bonheur d’être sur terre. Et des milliers d’anonymes, cabotins, acrobates, jongleurs, musiciens, prêcheurs et bergers lubriques, bonnes sœurs et putains, libérant la chair, inventant le jeu de la vie.
Jeux nocturnes, jeux diurnes. Nul besoin d’être savant pour dire qu’une partie n’est jamais terminée, elle progresse, s’interrompt pour modifier les règles, pour les corriger ou les adapter aux tricheries, puis reprend à nouveau. Nul besoin de conseils, une partie n’étant jamais solitaire, on joue toujours à deux, ou en équipe. Après la longue attente des préparatifs, le but du jeu, les règles sont définis. Parfois, sans que jamais elles ne s’appliquent, sans qu’il y ait forcément vainqueur et vaincu, à chaque fois tout est à recommencer. L’important, c’est que les sens s’éveillent à chaque nouvelle partie.
Nul n’a mieux joué au jeux qu’Ilias Papadimitracopoulos. Il s’y est adonné comme un enfant, avec un sérieux que l’on perd à l’âge adulte. Tous ses textes, courts, allant droit au but, sans un mot de trop, sans ponctuation, décrivent les règles du jeu, les parties, les joueurs, honnêtes ou tricheurs, le va-et-vient entre tragédie et comédie, les coups de dés qui font gagner ou perdre, les morts annoncées et les fins imprévues. Tous cela dans un hymne à la vie, car le jeu est un aveu de vie, le point culminant du chemin de la vie, la joie de ce parcours, la crainte aussi. Homo ludens par excellence, l’homme joueur, c’est Ilias. Salut à toi, Ilias!
Ilias a joué avec ses amis: Takis, Prodromos, Yiorgis. Médecin militaire, il a joué avec d’autres médecins militaires, joué contre les bureaucrates, joué avec son oncle, son père, sa mère, les parents et les amis. Il n’aurait pas si bien joué, s’il n’y avait pas Niovi pour donner le coup d’envoi, faire respecter les règles, faire un bout de route avec lui.
Il n’aurait pas joué le jeu avec le sérieux d’un enfant, s’il n’avait pas ses chats, son potager à Paros. Que les historiens de la littérature grecque moderne ouvrent leur cahiers pour louer le jeu d’Ilias, homo ludens. Lisez-le et jouez comme lui!
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