Le premier contact de Paros avec la transition énergétique a été d’apprendre, en 2014, lors d’une conférence tenue à Archilochos, l’imminence de l’installation sur son territoire de 22 éoliennes qui avaient déjà reçues leur première licence en 2010. Sans autre information, délibération ou négociation de la part des investisseurs. Dur !
Malencontreusement, au lieu de se concentrer sur les raisons réelles pour lesquelles Paros se devait de s’opposer à ce projet (exclusion de la communauté locale, démesure sur l’échelle Cycladique, destruction de vastes zones du hinterland, critères insuffisants pour le choix des placements etc..), la plupart des vues exprimées dans cette conférence variaient entre un climato-scepticisme plus ou moins déclaré et un rejet global des énergies renouvelables considérées d’une part incapables de remplacer les énergies fossile, et de l’autre, manipulées par la grande finance à son seul profit (sic!).
Depuis lors, le comité ad hoc qui a été créé pour contrecarrer le projet a été non seulement influencé par ces vues extrêmement biaisées, mais a constamment rejeté comme « traîtresse à la cause » toute discussion ou autre vue, même légèrement nuancée. Il faut admettre néanmoins que sa stratégie a été terriblement efficace pour mobiliser la population contre le projet et créer un climat très hostile à celui-ci. Et puisque d’habitude les investisseurs répugnent à opérer en territoire hostile, si cette stratégie arrive au bout du compte à avorter ce projet tout à fait inadmissible, ce sera bien entendu tant-mieux et tout au crédit du comité de lutte !
Mais sera-t-il enfin possible de positionner Paros dans une trajectoire plus rationnelle et cohérente avec le réchauffement planétaire, avec une stratégie de développement durable élaborée localement et assurant la cohésion sociale et la résilience de l’île au changement climatique? Il est établi que les destinations touristiques qui arrivent à résoudre les problèmes de l’environnement, du social et de l’économie deviennent les destinations les plus privilégiées, assurant une meilleure qualité de vie à ses résidents et à ses visiteurs.
Paros est maintenant connecté au réseau électrique continental, l’usine de Santa Maria va arrêter sa production même si elle va demeurer pour un certain temps un approvisionnement de catastrophe. Après avoir brûlé du fuel cher et polluant pendant 50 ans, allons-nous maintenant siffloter insoucieusement comme si nous étions sur une autre planète et laisser le champ libre aux investisseurs externes qui vont utiliser le câble pour exporter leur production? Ou allons-nous prendre conscience des exigences de la transition énergétique et tirer avantage des innovations et des changements sociétaux qu’elle implique? Le fait que nous soyons connectés au réseau électrique national ne doit pas amoindrir nos efforts pour réduire ou neutraliser le bilan carbone de Paros avec des niveaux élevés de pénétration d’énergies renouvelables locales et pour le développement d’une économie circulaire verte.
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