Ce texte de Yorgos Papanikolaou est le discours d’accueil à l’atelier sur la santé organisé par les AdP le 14 decembre 2019.
Tout d’abord, je vous souhaite la bienvenue et vous remercie beaucoup de votre participation à cette conférence.
Je voudrais en particulier remercier le maire, M. Kovaios, qui a non seulement accepté très volontiers l’organisation de cette journée, mais l’a également placée sous les auspices de la municipalité de Paros. Je remercie aussi M. Faroupos, maire d’Antiparos et M. Rokonidas, chef de l’opposition au conseiller municipal de Paros, pour leur présence et leur participation.
Je voudrais également exprimer mes chaleureux remerciements pour leur précieuse contribution à M. Bizas, vice-président de la région des Cyclades en charge de la santé et de la protection sociale, au professeur Albani, au sociologue M. Papathanassopoulou, au professeur Stylianidis et à Mme Mariola, directrice du transport médical aérien du Centre national grec de secours d’urgence (EKAB).
Tous sont venus de loin, pour aider à améliorer la santé sur nos îles, Paros et Antiparos.
La réunion a été organisée à l’initiative des Amis de Paros et je tiens à remercier sincèrement le Centre de Santé de Paros et en particulier son directeur médical George Tzanidis, pour son soutien, son enthousiasme et ses efforts inlassables pour faire cette journée.
L’un des objectifs des Amis de Paros est le développement équilibré et durable.
Cependant, le développement équilibré et durable n’est pas concevable sans un système de santé fonctionnel, de qualité et efficace.
La santé est une priorité absolue.
D’abord et avant tout parce qu’il s’agit d’un droit humain fondamental, que nous devons tous protéger d’une manière cohérente, efficace et continue. Les avantages seront mutuels.
Je dirais également que la santé est l’un des indicateurs les plus cruciaux du développement et de la culture réels d’un pays. Et nous ne devons pas oublier que Paros et Antiparos sont devenues des destinations touristiques de premier ordre. Nous avons donc le devoir et l’obligation de fournir des services de santé de qualité à nos nombreux étrangers.
Dans le domaine de la santé, en particulier de la santé publique, les intérêts micropolitiques, micro-personnels ou micro-économiques ne peuvent et ne doivent pas être impliqués. Très récemment, notre Premier ministre a commencé son discours en disant : « La santé nous unit ».
Dans notre pays, avec le potentiel que nous avons, et malgré les imperfections, les lacunes et les souffrances, nous devons admettre que nous avons un système de santé organisé qui fonctionne comme un filet de sécurité pour nous tous, malgré les difficultés financières de ces dernières années.
Le système national de santé, avec ses grands hôpitaux centraux et ses petits hôpitaux régionaux, ses centres de santé et ses dispensaires ruraux dans les endroits les plus reculés, couvre tous les coins du territoire.
Je tiens sincèrement à souligner et à vous assurer qu’à Paros nous avons d’excellents médecins, d’excellents psychologues, des infirmières excellentes et dévouées, mais aussi de louables organisations bénévoles, qui couvrent certaines lacunes. Et ici, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse pour remercier l’Equipe de Secours Grecque des Cyclades, à propos de laquelle la secrétaire du groupe, Sofia Angelopoulou, fera référence à son important travail un peu plus tard.
Merci également à l’Association des Amis du Centre de Santé et à sa présidente, Mme Katerina Antiparioti, pour sa précieuse contribution au centre de santé. Nous avons également des legs, comme la Fondation Velentzio pour le bien-être social et l’éducation, qui a légué à l’île un avion sanitaire qui a sauvé 860 vies en cinq ans de fonctionnement. Je voudrais, avec nous tous, rendre hommage à la Fondation Velentzio, pour cette offre généreuse et louable et remercier Mme Athanasia Keskinidou, qui, avec entêtement, courage, mais aussi beaucoup d’amour, préside depuis des années cette organisation caritative.
La crise économique a eu et a toujours des effets dévastateurs sur la santé. L’ensemble du personnel médical et infirmier a été considérablement réduit partout, tandis que le nombre de patients a augmenté, principalement en raison de l’appauvrissement de notre population et de la présence d’immigrants.
L’augmentation de la quantité de travail a provoqué l’épuisement professionnel du personnel médical et infirmier. Les services de garde, les fêtes, les vacances, sont très difficiles à gérer, et provoquent souvent de la grogne, des affrontements, des conflits.
Il est reconnu que ces conditions s’accompagnent parfois d’erreurs dans les soins aux patients. Le nombre et la gravité des erreurs dépendent de la fatigue physique et mentale du personnel médical et infirmier. (G.Chrousos, Kathimerini 1/12/2019).
Le système de santé publique de notre pays a, bien sûr, ses faiblesses, qui peuvent potentiellement être corrigées.
Chaque pays a ses propres réalités. L’un de nos problèmes est la dissemblance géographique et sociale, et un autre facteur aggravant s’ajoute sur nos îles, l’isolement.
Si nous voulons vraiment améliorer le système de santé et le construire de manière plus moderne et fonctionnelle, en tenant compte de la diversité de notre pays et du caractère unique de nos îles, nous devrons surmonter nos vieux réflexes mesquins.
La législation, les règles grecques et européennes sont nécessaires, mais elles ne doivent pas étouffer les initiatives locales, au contraire elles doivent permettre et autoriser la liberté de tester et d’expérimenter, même si parfois ça ne réussit pas très bien.
Cependant, nous n’avons pas de problèmes dans le domaine de la santé seulement en Grèce, ils existent aussi dans les grands pays riches.
Beaucoup ont essayé d’y faire face, avec imagination, audace et courage, et il me semble que l’imagination, l’audace et le courage sont essentiels si nous voulons être efficaces.
Je voudrais citer quelques exemples et quelques expériences dans cet esprit. Certains pays n’ont même pas hésité à prendre des mesures peu orthodoxes pour améliorer les services de santé.
En Angleterre, depuis 1970, ils proposent aux infirmiers.ères qui le souhaitent une formation complémentaire et les appellent « infirmiers.ères avancés.ées » et après leur formation, leur permettent de prescrire, de pouvoir demander un test sanguin et même de pratiquer des chirurgies mineures. En orthopédie, par exemple ils/elles pourraient demander une radiographie, poser un plâtre sur une fracture et même injecter des articulations. Ils ont donc réussi à réduire la charge de travail des médecins dans les cliniques externes.
Au Canada, ils ont également élargi les responsabilités des infirmiers.ères et des pharmaciens.ènes, notamment dans le domaine de la prévention.
Aux Etats-Unis on a mené de nombreuses études comparatives pour réduire le coût de l’hospitalisation et conclu que les coûts élevés sont concentrés dans les bâtiments (c.-à-d. les hôpitaux).
Des études ont montré que les maladies cardiaques coûtent beaucoup d’argent dans un hôpital. C’est pourquoi il a été décidé que tous les examens radiologiques seront effectués en ambulatoire, ainsi que les cathétérismes et la mise en place de stents dans les artères rétrécies, qui seront désormais effectués dans des centres de soins de jour ambulatoires, sans affecter la qualité des services.
En Chine, il y a quelques décennies, il y avait ceux que nous appelions les “médecins aux pieds nus”. Aujourd’hui, ils portent définitivement des chaussures. Ce sont généralement des acupuncteurs. L’acupuncture est une expérience médicale millénaire que nous ne devrions peut-être pas sous-estimer. Ces médecins maintenant chaussés se rendent donc à intervalles réguliers chez leurs clients et les soignent avec précaution avec leurs aiguilles et bien sûr ils sont payés, mais seulement tant qu’ils gardent leur client en bonne santé. Cependant, s’il tombe malade, ils sont obligés de le soigner, mais sans paiement. Gratuit.
Dans ce cas-là aussi, on voit à quel point ils se soucient de la prévention.
En France, les petits hôpitaux régionaux ferment les uns après les autres, car leurs coûts sont élevés et les services qu’ils proposent sont inefficaces et disproportionnés par rapport à leurs coûts de fonctionnement. Finalement, ils se concentrent de plus en plus sur la fusion de petits hôpitaux régionaux en grands établissements hospitaliers, avec un excellent équipement et vraiment efficace.
En même temps, ils prennent une tournure importante et accordent une grande importance à la prévention et aux soins primaires.
Dans notre pays, la prévention et les soins de santé primaires sont institutionnalisés depuis des années. Les dispensaires ruraux et les centres de santé ont une contribution incontestable et couvrent le domaine de la santé publique de manière relativement efficace.
Dans nos îles, bien sûr, il y a la difficulté d’accès aux soins hospitaliers, surtout en cas d’urgence.
Récemment, peu avant les élections municipales, le maire nous a annoncé qu’il souhaitait créer un hôpital à Paros. Tout d’abord, j’ai pensé avec enthousiasme à un autre maire soucieux de la santé des Pariens. Mais quand ma première excitation est passée et que j’ai réfléchi plus calmement, je me suis souvenu que c’était un vieux rêve. La première fois que je l’ai entendu, c’était lorsque Mr Avramopoulos, alors ministre de la Santé, qui a également une maison à Paros, avait manifesté un intérêt particulier. Mais même alors, cela ne s’est pas produit.
Enfin, par rapport à ce que je vous ai dit sur les petits hôpitaux régionaux, je voudrais partager avec vous une autre proposition plus rationnelle.
Paros, Antiparos, Mykonos, Tinos, Andros n’ont pas d’hôpitaux. Donc, si vous, messieurs les maires, de votre propre initiative, réunissiez les maires de ces îles et demandiez au ministère de la Santé l’agrandissement, la modernisation, l’équipement plus complet et l’amélioration générale de l’hôpital de Syros, ce serait une solution très satisfaisante au problème.
Bien sûr en même temps qu’un transport rapide des patients par vedettes rapides, bateaux spécialement conçus ou par avion.
Paros a ce potentiel qui pourrait être partagé avec les autres îles. Les sages nous disent que le temps c’est de l’argent. Je dirais qu’en cas d’urgence, le temps c’est la vie ou la mort.
Il est incompréhensible d’avoir la chance de posséder un avion médical et de ne pas l’utiliser. Aucune excuse ne peut s’appliquer. Ni juridique, ni technique, ni procédurale, ni économique, car de nombreux patients de Syros sont souvent transportés à Athènes. Et au-delà de l’économie, nous devons penser à la souffrance des patients et souvent au drame des familles.
Monsieur le maire, j’espère que vous savez que je suis toujours à votre disposition et à la disposition des Pariens que vous représentez, et si vous le souhaitez à tout moment, je pourrais préparer une étude complète pour la modernisation de l’hôpital de Syros, pour le rendre efficace et de qualité, à la disposition de tous les habitants des îles que j’ai mentionnées.
Maintenant le Centre de Santé de Paros, je pourrais dire qu’il va dans le bon sens de la prévention et des soins de santé primaire. Les médecins et les infirmiers.ères, peut-être pas toujours, font de leur mieux.
A-t-il des imperfections ? Oui. Y a-t-il des lacunes ? Oui. Des besoins d’améliorations ? C’est indéniable et elles sont nécessaires.
J’ai récemment appris que les médecins ruraux sont formés à l’hôpital de Syros pendant trois mois avant de prendre leurs fonctions au centre de santé. Mais la médecine hospitalière est une chose, et la médecine pratiquée dans un centre de santé en est une autre. Je me demande donc pourquoi ces jeunes médecins ruraux ne sont pas formés pendant ces trois mois au centre de santé.
Voici un changement utile et sans coût.
Un autre changement, que je dirais radical dans notre système national de santé, est celui proposé par le professeur de renommée mondiale Chrousos: seulement des personnes excellentes, expérimentées et incarnant des valeurs et des principes, dans la direction des unités de santé.
Enfin, avant de terminer, je voudrais vous rappeler la phrase du premier ministre : la santé nous unit.
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