Pour l’évolution de l’Agrokipio de Parikia en Jardin Botanique
L’Agrokipio de Parikia
L’Agrokipio est une propriété municipale de 3 hectares du côté sud du front de mer de Parikia, qui a été pendant des décennies et jusqu’à la fin des années 80 le cœur de la production agricole de Paros. Il était la pépinière et la ferme animalière fournissant les agriculteurs de l’île en plants, semis, arbustes et animaux de ferme et de basse-cours. C’était le pilier des familles de Paros, pour la plupart autosuffisantes à l’époque. L’essor du tourisme a entrainé un dénigrement de l’agriculture au profit d’activités considérées moins ardues et plus lucratives générées par la nouvelle demande dans la construction, l’hôtellerie et le divertissement. Ainsi l’Agrokipio est tombé en désuétude avant d’être désaffecté sans que personne ne soit venu à l’époque à suggérer une restructuration de la production agricole qui aurait pu assurer un avantage comparatif et une plus-value maximale au produit touristique tout en préservant, par leur valorisation, les patrimoines agricole et gastronomique, mais aussi culturel et naturel qui sont intimement liés aux deux premiers. Mais admettons que nous étions condamnés à l’avance à faire l’expérience du tourisme de masse et de toutes les dégradations conséquentes avant d’arriver à prendre conscience de son insoutenabilité et allons de l’avant!
Prise de conscience de l’insoutenabilité du modèle courant
Il apparait maintenant, 25 années plus tard, que cette prise de conscience soit devenue une vraie tendance. Ainsi à la suite d’un excellent séminaire sur les Plantes Aromatiques et Médicinales des Cyclades qui a eu lieu en Juillet, les participants ont suggéré l’idée de faire renaitre l’Agrokipio en le transformant en Jardin Botanique administré par une entreprise sociale sous la tutelle académique de l’Organisme Agricole Hellénique «Dimitra».
Rappelons qu’un Jardin Botanique a pour buts de recenser, conserver et valoriser la flore locale, et de sensibiliser, éduquer et récréer les visiteurs. Il est un musée ex situ des plantes autochtones, prioritairement des plantes endémiques, rares, vulnérables et d’intérêt horticole (aromatique, ornemental ou gastronomique) ou médicinal. Il multiplie des plants certifiés et fournit les producteurs locaux et peut aussi extraire des essences et produire des cosmétiques, ou bien se limiter à offrir son savoir faire et ses certifications à des entrepreneurs indépendants. Avec ses plus de 6.000 espèces indigènes dont à-peu-près 20% sont endémiques (elles n’existent nulle part ailleurs), on se rend compte de l’avantage comparatif qu’a la Grèce par sa biodiversité. Elle détient en fait le 3eme rang mondial. Malheureusement cette richesse est très peu mise en valeur!
Vision cohérente du futur
La mutation de l’Agrokipio en Jardin Botanique garantirait la reconnaissance et la préservation de la biodiversité de Paros et des Cyclades, permettrait la création de petites entreprises qui s’occuperaient de la production de plantes certifiées par l’organisme «Dimitra», de l’extraction d’essences, du séchage de plantes et de la production de produits cosmétiques ou médicinaux. Paros sera revalorisé en tant que destination touristique tout en diversifiant son activité économique et créant de l’emploi. La prise en charge du jardin par une coopérative sociale en collaboration avec l’organisme «Dimitra» assurera une gestion autofinancée et un développement futur optimaux, mais marquera aussi le démarrage de l’entrepreneuriat social et de la solidarité communautaire dont nous avons tellement besoin en cette période de crise économique et sociale.
La société civile doit se mettre en marche
L’organisme «Dimitra» ainsi qu’un groupe de la société civile de Paros sont complètement motivés pour se mettre au travail et réaliser le projet. Il ne reste plus qu’a convaincre la municipalité qui a récemment inclus l’aménagement de l’espace de l’Agrokipio dans un plan de réaménagement du front de mer de Parikia financé par un programme de l’U.E. L’Agrokipio y est destiné à devenir un «parc urbain» aménagé avec des «plantes locales» et il y est prévu de restaurer ses bâtiments existants afin d’abriter des activités culturelle et environnementale. Néanmoins le plan ne prévoit pas avec quelles ressources l’espace sera maintenu une fois le budget initial déboursé. Il est réaliste de prévoir une mauvaise gestion municipale vue ses maigres ressources et son manque coutumier de vision cohérente.
Il reste maintenant à la société civile de présenter un «business plan» probant qui pourrait marquer le passage de Paros dans une ère nouvelle de développement soutenable et d’inclusion sociale.
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