Maria Dimitriadi, la grande dame de l’art grec, comme elle a été souvent appelée, a grandi dans un environnement culturel où elle s’est distinguée très tôt, en créant en 1979 la Gallérie d’Art « Medusa », âgée à peine de 19 ans. Depuis, elle n’a pas cessé de découvrir de jeunes artistes grecs, qu’elle a choisis avec un instinct artistique très profond, assistant à l’organisation de leurs premières expositions personnelles à « Medusa » et promouvant leur travail dans les plus grandes galléries en Grèce et ailleurs, ainsi que dans d’importantes expositions internationales.
Malgré l’effondrement du marché de l’art en Grèce, après 2010, Maria a continué à soutenir et à promouvoir les artistes grecs, avec lesquels elle a maintenu des liens pendant des décennies. En plus de l’art, son grand amour était Paros et surtout Lefkes, où elle a transformé un vieux moulin à huile en résidence permanente il y a 30 ans. De plus, le café de Fotis Melios à Naoussa a été confirmé comme l’environnement cosmopolite pour la promotion de l’art moderne grec, suite à la contribution artistique des œuvres d’artistes liés à Maria.
Une femme cosmopolite, qui a beaucoup voyagé et a créé des amitiés partout dans le monde, elle était avant tout grecque, une ambassadrice fascinante de la Grèce et de Paros, comme cela a été marqué dans ses interviews dans les médias en Grèce et à l’étranger. Pour ses amis, ce sont les traits les moins visibles de sa personnalité qui nous ont profondément émus. Maria était quotidiennement en contact avec des personnalités importantes du domaine de la culture, elle n’a pour autant jamais oublié de partager généreusement son amitié avec les «gens ordinaires». C’était intéressant d’assister à la grande fête qu’elle organisait chaque année le 15 août, où on voyait la coexistence de personnes de diverses classes sociales.
Contrairement à sa présence sociale glamoureuse, Maria était en réalité une personne solitaire. Elle préférait toujours son petit bateau aux voyages en yacht, à la compagnie de Karina, comme une capitaine moderne des Cyclades. C’est avec un tel voyage qu’elle a fait ses adieux à Paros, il y a un mois. Elle était une femme qui adorait la nature. Son jardin peut être caractérisé comme paradisiaque. Elle faisait quotidiennement des promenades au chemin byzantin, à Agia Kyriaki, à Agios Georgios de Lagada, Miloi, aux églises et aux monastères, où elle déposait sa foi. Elle contentait tout petit animal blessé qu’elle trouvait, et elle avait convaincu aussi Karina à l’aider dans ce travail. Chez elle, il y avait une harmonie absolue parmi les nombreux animaux qu’elle avait sauvés. Quand on essayait de la convaincre que les légumes venant de son jardin ne suffisaient pas pour la nourrir, surtout au stade final de sa maladie, elle nous répondrait qu’elle n’accepterait jamais de manger tout ce qui avait des yeux et une bouche. Avec un dévouement absolu, elle a affronté les maladies de ses proches, mais aussi la sienne, qu’elle avait annoncé dans un simple courrier le 11 décembre 2016 : « Hier on m’a diagnostiqué un cancer, je vous embrasse, Maria ».
Maria Dimitriadis laisse un grande vide dans la scène artistique grecque contemporaine, mais en même temps, elle nous a laissé un monde plein de beauté, d’art, d’amour pour la nature… un monde vivant qu’elle a créé, dans lequel elle a vécu de tout son cœur. Dans ce monde elle se tient entre nous, droite et fière, comme une présence qui a marqué notre vie quotidienne.
Son enterrement a eu lieu le 11 octobre, au cimetière de Lefkes.
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