Donc nous avons maintenant vécu chez nous la tragédie des réfugiés qui afflige depuis 6-7 années des millions de personnes qui vivaient dans des zones avec des problèmes aigus de violence et de violation des droits de l’homme.
La nuit de Noël, un bateau qui était parti de la côte de Smyrne dans la matinée, avec environ 80 passagers, a chaviré vers 18 heures près des rochers « Mermingas » après une défaillance mécanique. 63 naufragés ont été secourus et transférés à Paros.
J’ai rencontré les survivants le lendemain de leur naufrage. Ils avaient passé quelques jours cauchemardesques à Istanbul puis à Smyrne, entassés dans des cachettes et des camions, sans nourriture ni eau, avant d’embarquer sur le bateau qui devait les emmener à la terre promise, dans l’Europe des libertés, des droits de l’homme, de la culture et de la prospérité. Du moins, c’est leur vision ! La vérité est que leur première expérience européenne, Paros, n’a pas discrédité cette vision. L’attention prodiguée par de nombreux Pariens, depuis les pêcheurs arrivés les premiers sur le site de l’épave jusqu’aux personnes qui se sont spontanément précipitées pour offrir tout ce qu’elles pouvaient pour améliorer leur condition, était attachante. « Cette démonstration d’humanisme européen m’émeut », ai-je entendu dire plus d’un réfugié ! Je n’ai pas essayé de les amener à la réalité de la souffrance qui les attendait dans les engrenages des politiques migratoires grecques et européennes inexistantes. Mais cela n’a pas pris longtemps car dès le lendemain de leur arrivée, des soucis ont commencé à être exprimés sur les médias sociaux concernant la durée du séjour des réfugiés sur notre île, et un ancien responsable local n’a pas hésité à encourager « .. l’organisation d’une grande mobilisation pour le transfert immédiat de réfugiés-immigrés.. »!
Les 63 rescapés sont Syriens (pour la plupart), Palestiniens et Afghans. Par conséquent, ce sont des gens qui auraient probablement droit à l’asile politique si on leur en avait donné l’occasion, tel que prévu par le droit international. Au lieu de ça, les autorités donnèrent priorité à une enquête criminelle sur la localisation de l’équipage du navire, prévenant les naufragés même à donner de leur nouvelle à leurs familles. Au lieu de ça, la plupart des gouvernements européens entravent la création de routes légales pour les réfugiés. En conséquence, ils poussent des personnes désespérées vers des trafiquants qui exploitent leur désespoir et l’absence d’autres voies légales. Notre gouvernement a réussi, avec l’aide de Frontex, et par des “pushbacks” qui sont maintenant confirmés, à barrer les routes traditionnelles des passeurs en mer Égée. Seulement pour voir de nouvelles routes s’ouvrir, plus dangereuses, traversant la mer Égée, contournant le Péloponnèse jusqu’à la mer Ionienne, avec l’Italie comme destination. C’était aussi l’itinéraire des 80 passagers du bateau qui a coulé à côté de nous. Dans leurs efforts pour se rendre dans un endroit sûr, ils ont été forcés de vendre tout ce qu’ils avaient et de payer aux trafiquants 8 000 € par personne.
L’Europe, qui aime à répéter qu’elle se construit sur la base de ses valeurs (respect de la dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, état de droit, respect des droits de l’homme, y compris ceux des minorités), doit cesser de faire l’autruche et travailler sur des routes légales et sûres pour les demandeurs d’asile !
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