Les sociétés et leurs économies à travers le monde sont ébranlées par la crise du Covid-19. Les bouleversements de nos modes de vie, de nos conditions de travail, de nos relations sociales sont radicaux. Beaucoup de choses semblent s’effondrer et l’avenir, dans un horizon d’au moins deux ans, est extrêmement incertain. Et personne dans ces circonstances ne peut prédire avec certitude à quoi ressemblera le monde après cette tempête. Cependant, il semble qu’il y aura de profonds changements sur plusieurs niveaux.
L’une des choses par excellence qui changera semble être la façon dont les gens voyagent et surtout comment ils passent leurs vacances. Ce changement est catastrophique à court terme pour les destinations touristiques. Mais même à moyen terme, les problèmes seront importants, encore plus pour les destinations du tourisme de masse, pour lequel un bouleversement majeur semble également se produire.
En venant sur notre cas, on constate que Paros, en tant qu’exemple typique d’une destination de tourisme de masse et ayant une économie pratiquement entièrement dépendante du tourisme, sera durement touché, certainement cette année mais éventuellement aussi à l’avenir. Des questions critiques se posent. Que pouvons-nous faire ? Comment minimiser les pertes et trouver des avantages comparatifs dans le nouveau paysage qui se formera ? Comment pouvons-nous, pour utiliser un concept devenu banal, faire de la crise une opportunité ?
Bien entendu, le problème concerne le pays dans son ensemble, où le tourisme représente environ 20% du PIB, directement ou indirectement. Et pour cette raison, un effort systématique est fait au niveau national pour réduire les coûts à court et moyen terme et pour élargir les opportunités du futur. Cependant, cela ne sera pas suffisant pour le redémarrage, à moins que les communautés locales, comme à Paros, avec sa gouvernance et ses collectivités, ne prennent des initiatives méthodiques dans la bonne direction. Mais quelle est cette direction ?
La réponse est connue depuis longtemps. Il s’agit de basculer vers un développement durable. Nous en parlons depuis longtemps, parfois comme antidote à la menace antérieure de l’hypertourisme qui a été temporairement au moins écarté par la pandémie, parfois comme la panacée facile qui guérit par magie tous les maux et parfois comme un slogan politique creux. Mais le développement touristique durable n’est pas quelque chose de vague et nébuleux. C’est au contraire un concept reposant sur des piliers définis, sur un engagement dans un plan stratégique solide et des objectifs clairs, sur une mobilisation de ressources humaines et matérielles, sur de constantes améliorations et évaluations et enfin, sur une certification. Alors, si nous voulons suivre les développements de la nouvelle ère, il est absolument nécessaire que tout ce contexte se matérialise en étapes spécifiques. Et cela suppose une discussion ouverte au niveau local avec la participation de la mairie, des professionnels du tourisme et de la société civile à travers ses instances collectives. Une discussion qui ne s’arrêtera pas aux bonnes intentions mais qui avancera par étapes successives vers la réalisation des objectifs qui seront fixés.
La nécessité de se tourner vers un tourisme responsable dans une approche de développement durable préexistait à la pandémie, comme condition pour la protection de lieux uniques, comme Paros. Les nouvelles données rendent ce changement encore plus nécessaire, y compris pour le maintien d’une prospérité économique et sociale dans la nouvelle ère. La tendance vers cette direction est visible à l’échelle globale depuis un bon moment. Mais dans notre pays aussi, le contexte général semble propice et les outils existent. Le ministère du Tourisme a récemment signé un protocole de coopération avec le Conseil Mondial du Tourisme Durable (GSTC) précisément pour sa promotion systématique auprès des destinations grecques et des professionnels du tourisme. Les responsables de l’agenda politique central soulignent son importance, ainsi que la priorité de protéger l’environnement unique du pays. C’est donc à bien des égards le moment, c’est l’occasion maintenant et il ne faut pas la perdre, il faut utiliser la dynamique existante.
Ainsi, en plus des mesures absolument nécessaires qui ont déjà été prises pour assurer les meilleures conditions d’hygiène possibles qui permettront au marché du tourisme de fonctionner dans une certaine mesure cette année, il est nécessaire d’engager immédiatement un dialogue sur la manière de spécialiser l’ile dans le développement durable. Malheureusement, les temps ne sont pas propices aux rassemblements physiques qui seraient idéaux pour discuter de questions aussi importantes. Mais nous pouvons le faire avec les technologies de visioconférence disponibles aujourd’hui. Nous trouverons certainement une façon de faire.
Nikos Malatestas
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