Le tourisme doit conduire à un avenir meilleur – Trouver et Cibler notre public
Nous vivons depuis un an et demi une crise sanitaire mondiale qui a particulièrement touché le secteur du tourisme dont notre économie, à Paros, est complètement dépendante. De surcroît, nous nous apercevons de plus en plus que ce secteur ne sera plus le même dans l’après Covid période. Nous devrions avoir des raisons de nous inquiéter de la capacité de résilience de Paros, sachant qu’un des facteurs majeurs pour la résilience d’une communauté est son degré d’information, de participation, d’engagement.
En fait nous sommes quasiment en pilotage automatique en tant que destination touristique et notre destinée est sujette aux initiatives individuelles de petits ou grands entrepreneurs, et des politiques gouvernementales qui ignorent souvent les particularités et les potentiels locaux. A dire vrai, l’ile a été sur pilote automatique depuis le début de sa carrière touristique. Ça a plus ou moins fonctionné jusqu’à récemment mais on voyait déjà la machine caller avant la crise sanitaire avec l’avènement de changements perturbateurs apportés par l’hypertourisme et les plateformes de réservation mondiales. Et on le revoit cette année, où les problèmes de mobilité, de gestion des déchets, d’approvisionnement en eau ont atteint des limites extrêmes.
La crise avait imposé une pause propice pour prendre de la distance et réfléchir. Elle a favorisé le besoin d’expérimentation accélérée de nouvelles pratiques organisationnelles. Et c’est bien ce qui s’est passé à Paros au début du premier confinement avec l’avènement d’un petit groupe de professionnels du tourisme de Paros qui ont profité de cette pause pour lancer une dynamique par le bas pour changer l’écosystème du tourisme à Paros. Collaborations entre professionnels mais aussi avec l’ensemble de la communauté pour créer des synergies, élaboration d’une stratégie pour le tourisme, construction du Branding de la destination, campagnes de marketing, ont été à l’ordre du jour. Une recherche fut entreprise sur les pratiques des DMO dans d’autre destinations à travers le monde. Les DMO (Destination Management Organisation) sont des organismes où idéalement sont représentés l’administration publique locale, les entrepreneurs et la société civile, et qui gardent la haute main pour gérer consensuellement et efficacement la destination.
Des contacts ont été établis avec la mairie pour l’inviter à participer à cette dynamique. Malheureusement la mairie, habituée à fonctionner de haut en bas, en vase clos, a mal accepté cette initiative, l’interprétant comme une contestation de sa politique, ou à son absence de politique ! Car il faut savoir que la politique touristique de l’ile, s’il y en a une, n’est pas du tout du ressort du comité touristique municipal dont les prérogatives ne dépassent guère le choix des foires où Paros sera représentée. Le marketing et les Relations Publiques de l’ile sont sous-traités en externe à une société de conseil. Singulièrement, cette société a aussi mal réagi au projet de création d’une DMO.
Sur insistance du Groupe pour une réunion avec les instances de la mairie, une visioconférence a finalement eu lieu en début du mois de mars. A l’ordre du jour était l’étude pour la création d’une DMO gérée par des personnes compétentes et consensuelles, la mise au point des outil digitaux indispensables à une destination touristique, et pour le court-terme, le fonctionnement du comité touristique qui manque de transparence et du comite de gestion de crise pour la Covid, qui avait brillé par son absence l’année précédente. En réalité, la réunion a été caractérisée par la détermination des représentants de la mairie et de la société de conseil représentée en nombre imposant, d’esquiver l’ordre du jour. D’abord par l’insistance du maire à essayer de convaincre que tout va très bien dans le meilleur des mondes, suivi d’une prolifération de présentations des activités de la société-conseil, essayant de convaincre que Paros est entre de bonnes mains. En fait les campagnes des consultants sont représentatives d’une vieille école du marketing.
Tout ça relève d’une culture d’opacité et de décisions de haut en bas, en opposition à la nécessité d’engager la collectivité, qui est en réalité elle-même le vrai produit touristique, dans des politiques largement comprises et acceptées. Parce qu’entretemps le ministère du tourisme a annoncé l’élaboration d’une loi sur les DMO, le maire en a profité pour déclarer ne pas vouloir s’engager dans cette voie avant la mise en application de cette loi. Le souci est que nous pouvons prévoir que cette loi, venant d’un gouvernement centralisateur, ne va pas définir les DMO comme des instances consensuelles de gestion locale, comme elles doivent l’être, mais comme un organisme sous tutelle de l’administration centrale.
Quelques semaines plus tard, la mairie a annoncé la création d’une « Agence de développement durable des îles », en coopération avec Naxos et Amorgos, qui pourra prendre en charge les projets de développement que les municipalités ont des difficultés à réaliser à cause de leurs restrictions bureaucratiques. La collaboration entre les iles est évidement absolument souhaitée mais ces agences municipales se contentent d’habitude à gérer des projets alors qu’il y a urgence à prendre des décisions difficiles, forcément innovantes, comprises et agrées par la collectivité, afin d’assumer la viabilité de l’île, la qualité de vie des habitants et des visiteurs, la physionomie culturelle et l’identité du lieu. Et en fin de compte assurer sa résilience en ces périodes de crises anticipées.
Le Touriste Local
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